Le rituel très spécial de Croquinambourg

Lors de notre arrivée sur l’île, la population nous a fait subir un rite initiatique bien particulier, qui déclencha un fou rire général aussi bien du côté de la population locale, qu’au sein de notre groupe. 

Nous n’avions pas encore posé le premier orteil sur la plage de sable fin de Croquinambourg, qu’un groupe d’habitants de l’île nous encercle. 
Apeurés, nous devinons rapidement qu’ils n’ont pas l’habitude d’accueillir des personnes étrangères à l’île et cherchent un moyen de savoir si nous sommes dignes de confiance. 

Avec la barrière de la langue, impossible de savoir à quelle sauce nous allions être mangés. Certains dans le groupe commencent à devenir pâles, malgré un soleil radieux. Pour ma part, j’essaie de faire les yeux doux aux quelques jeunes femmes de l’assemblée. Sans succès. 

Au bout d’une bonne dizaine de minutes, nous sommes mollement invités à nous mettre à genoux, la tête en avant, et donc… les fesses en arrières !
Interrogation générale au sein du groupe : pourquoi devons-nous grand Dieu, nous aligner en levrette, au milieu d’un cercle d’inconnus dont nous ignorons même si ils ne sont pas cannibales ? 

Et là stupéfaction. On nous demande, par une série de gestes incompréhensibles, de nous enfouir entièrement la tête dans le sable. A la manière d’une autruche. 

Totalement abasourdis, nous n’avons d’autre solution que d’obéir étant donné le nombre d’habitants réunis pour contempler le spectacle. Et nous voici entrain de creuser notre petit trou, devant nous et à genoux, pour y enfouir notre tête. 
Quand chaque trou est suffisamment grand pour y accueillir notre tête jusqu’aux épaules, 5 habitants viennent nous « aider » à recouvrir notre tête de sable. 

Sans aucune garantie de ressortir nos têtes en vie de ce trou, nous nous exécutons pourtant tous silencieusement. Pas un mot échangé, ni un regard. La peur peut-être ? Ou bien la honte ? Nous sommes en tout cas tous dans la plus grande expectative. 

Nous ne resterons pourtant ensablés que quelques secondes. Cette première phase du rite terminée, nous ressortons la tête du sable. Mais celui qui semble être le chef de l’île nous demande de rester les fesses en arrière. 

Puis COMMMENCE LA DEUXIEME PHASE du rituel. Chaque habitant de l’île passe derrière nous et nous assène une petite tape sur les fesses. Une tape délicate et non violente. Une sorte de « check Croquinambourg », totalement hors du temps… Très chouette le check ! 

Une fois le petit jeu terminé, nous sommes invités à nous relever et les habitants se mettent à rigoler et à nous serrer dans leurs bras. Devons-nous conclure à une intégration réussie ? A un foutage de gueule organisé ? 

En tout cas, cela nous aura bien fait rire a posteriori, tout comme les habitants dont nous soupçonnons l’invention de ce rite spécialement pour nous. 

Où peut-être est-ce une manière novatrice et originale d’instaurer une relation de confiance avec nous ? Ou une manière de nous soumettre ? 

Seul l’avenir nous le dira.